Réalisation : Steven Shainberg
Avec : James Spader, Maggie Gyllenhaal, Lesley Ann Warren, Jeremy Davies, Patrick Bauchau
Version originale (anglais) sous-titrée en français

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rubrique 'INFORMATIONS'
Bien qu'elle n'ait jamais tenu d'emploi de toute son existence, Lee est tout de même embauchée par Mr Grey. Au début, son travail est banal. Mais bientôt, entre taper à la machine, faire le café et classer les dossiers, une étrange relation se noue entre Lee et Mr Grey. Cette liaison est découverte par la famille de Lee et par Peter, son épisodique petit ami...
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De la nouvelle au long métrage
La Secrétaire est basé sur une nouvelle écrite par Mary Gaitskill dans un recueil intitulé Bad behavior. L'histoire avait été traitée une première fois par le réalisateur Steven Shainberg en un court-métrage de 22 minutes, avant qu'il n'en tire plusieurs années plus tard un long métrage.
Sujet difficile
Evocation humoristique et décalée du sado-masochisme, La Secrétaire a refroidi plus d'un investisseur par son sujet. Après avoir découvert le premier court métrage, "beaucoup de personnes à Hollywood furent intéressées par le projet pour en faire un long métrage", se souvient Steven Shainberg. "Mais lorsque je les rencontrais et que je leur disais que ce film n'était pas un paradigme de l'histoire classique où le personnage principal pend "conscience de ses problèmes et apprend à les dépasser", mais qu'au contraire, le personnage allait découvrir quelque chose de merveilleux dans sa relation de soumission à son patron, les gens me prenaient pour un fou." Parti monter son film à New York, Steven Shainberg a également rencontré des difficultés avec les futurs producteurs de La Secrétaire. "Leur première réaction fut de me demander s ‘il ne s'agissait pas d'un porno soft. Vous n'imaginez pas le nombre de personnes, producteurs, financiers ou acteurs, qui se montrent vigilants à ce sujet."
L'ouverture de Maggie Gyllenhaal
Première actrice rencontrée par Steven Shainberg et finalement retenue pour incarner la soumise Lee Halloway, Maggie Gyllenhaal a rencontré quelques problèmes avec son rôle, "mais pas pour les raisons qui paraissent évidentes", précise son réalisateur. "Cela concernait plutôt la manière de jouer, de trouver le ton juste. Quant à savoir jusqu'où aller pour ce rôle ou comment chercher à s'en protéger, elle n'a jamais soulevé le problème."
Une métaphore de l'amour
Pour son réalisateur Steven Shainberg, La Secrétaire et son histoire pour le moins osée n'est rien d'autre qu'une métaphore de l'amour. "D'une part, nous avons deux personnes extrêmement particulières qui allant à la découverte de leurs complexités respectives, se trouvent l'une l'autre. Et d'autre part, la façon dont le pouvoir s'exerce entre eux et dont il s'exprime érotiquement est familière, je crois, à beaucoup d'autres couples, qu'ils soient engagés ou non dans ce genre de relations très spécifiques."
Primé à Sundance
Présenté en 2002 au Festival de Sundance, La Secrétaire y a récolté le Prix spécial du jury pour son originalité. Le film a également été récompensé d'une nomination aux Golden Globes pour la performance de Maggie Gyllenhaal.
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brege
Sublime !!!! Un film culte comme il en sort tous les 10 ans.
sicelay
Une histoire d'amour entre une sécretaire et son boss très légèrement "pimentée". Rien de bien méchant au fond... Mention spéciale néanmoins aux 2 acteurs principaux et en particulier à Maggie Gyllenhaal pour leur prestation.
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evenu bouillant, l'arrondi des colonnes Morris depuis bientôt deux semaines demande grâce, et avec lui toute une brochette de badauds cuits à l'étouffée, menacés d'accidents de la circulation par une hébétude prolongée. Et pour cause : devant eux, une croupe offerte, toute gainée de soie noire, des bas couture qui exagèrent la finesse de deux interminables jambes tenues en équerre, un dos courbé invitant ni plus ni moins qu'à «assumer notre position». Soit l'affiche, rien que ça, de la Secrétaire et c'est soudain comme si tous les chefs de service de France et de Navarre en tombaient leur crayon à papier.
Evidemment, partant d'une telle allèche, le film, une fois vu, ne peut que décevoir. C'est, avec toute sa distance un brin guindée, le désormais habituel chic sadomaso grand bourgeois. Image marron-brun, moquette saumon, meubles design, 60 mètres carrés de bureaux et la stagiaire dans le rôle de la table basse. Laquelle n'est pas, à proprement parler, la maîtresse idéale. Primo, elle porte un rédhibitoire chandail marron, deuxio elle sort de l'asile. Mais sous ses allures gourdes, cette brune à fossettes portée sur l'automutilation est sans doute l'idéale proie pour le rutilant et cynique monsieur Grey, patron cravaté et cassant qui ne conçoit la passion qu'à travers l'exercice sublimé de son pouvoir.
Ce récit, vous l'avez lu vingt fois. Rien a priori ne saurait sauver le second long métrage de l'inconnu Steven Shainberg de la provocation doucement new-yorkaise, des inoffensives pubs pour dessous coquins, voire du survol enjoué du catalogue des armes et cycles de Saint-Etienne.
Rien sinon sa distribution : c'est par la patience conjuguée de ses deux acteurs que l'on ressent physiquement l'importance démesurée que ces deux personnages accordent à ce qui n'est au départ qu'un jeu hiérarchique. Maggie Gyllenhaal est une actrice mutine, sachant transformer une gaucherie originelle en une forme d'élégance ludique. Quant à James Spader, il semble reprendre les choses là où il les avait laissées avec Crash. Que Shainberg ne soit pas exactement le nouveau Cronenberg, après tout, ne relève pas de sa responsabilité.
par Cécile Mury
Une jeune fille perturbée tombe sur un patron timbré. Le résultat fait un peu mal, mais on aime bien.
La plaie aime-t-elle le couteau ?... Freud le premier maria le sado au maso, comme les deux moitiés de la même orange amère. C'est aussi le présupposé du film, son argument ludique et romantique, sinoque et dérangeant.
Lee Holloway, jeune fille lunaire, possède, outre un père alcoolique et dépressif, une jolie collection de petits couteaux et autres bidules tranchants. A la première contrariété, à la moindre émotion, elle se coupe, rédige sur tout son corps un journal intime de cica-trices. Au sortir d'un séjour en hôpital psychiatrique, elle trouve une place de secrétaire. Réinsertion ? Rééducation ? La « thérapie » de Lee passe par des voies que la faculté et la morale réprouvent...
En bref : soigner le mal par le mâle, à savoir son patron, le très trouble et sévère M. Grey, avocat. Obsessionnel raide et fébrile, plus timbré encore que son employée, il se terre dans un grand bureau, tout au fond d'un long couloir. Surtout, il déborde d'imagination dès qu'il s'agit de malmener sa timide assistante. Humiliations, punitions, exigences délirantes et, clou du programme, morceau de bravoure du film, fessées en rafale. Les mains bien à plat sur le bureau, le corps docilement cambré, Lee encaisse avec délice. Elle en arrête même de se mutiler. Elle fait des fautes de frappe, exprès. Elle s'affirme, se féminise, s'épanouit.
Histoire de deux souffrances complémentaires, de deux corps effrayés, le film évite constamment le drame, prenant résolument le parti de la comédie insolite. Légèreté fêlée, mécanique cocasse des chairs et des regards, Steven Shainberg orchestre avec un érotisme narquois son étrange love story, pied de nez tranquille au politiquement correct. Mais cette Secrétaire ne serait rien sans son duo d'acteurs époustouflant : Maggie Gyllenhaal crève l'écran, révélation du film, sensuelle souris borderline, fausse terne aux yeux brillants, fée Clochette ambiguë et douloureuse. Face à elle, abonné aux rôles de prince charmant pervers depuis Sexe, mensonges et vidéo, James Spader apporte ce qu'il faut de mystère et de charme équivoque. Dommage que, dans la dernière demi-heure, l'acide et le piquant du récit se diluent dans l'eau de rose d'une conclusion très banalement hollywoodienne.
Cécile Mury